PRESENTATION
Les
phtirioses des carnivores, ou infestations par les poux, sont
considérées comme des entomoses rares en France métropolitaine, plus
fréquentes dans les Départements et Territoires d'Outre-Mer.
Il semble pourtant que le nombre de
cas soit en augmentation, l'infestation est à l'origine d'une dermatose
prurigineuse d'évolution chronique, essentiellement caractérisée par de
la parakératose (squamosis important), une alopécie, souvent diffuse et
limitée, plus rarement des altérations de la peau (hyperkératose).
Le diagnostic est aisé par observation des lentes, parfois des adultes. Le
traitement fait appel aux insecticides couramment employés chez les
carnivores. Les sprays, lotions et shampooings sont les présentations
les plus efficaces.
CLASSIFICATION
Les poux du chien et du chat sont
des insectes, de l'ordre des Phtiraptères, du sous-ordre des Mallophages
(famille des Trichodectidés) ou des Anoploures (famille des
Haematopinidés). On rencontre principalement les espéces Felicola
subrostratus, Linognathus setosus, Trichodectes canis.
DESCRIPTION
Deux types de poux sont observés sur
les carnivores, des poux piqueurs, à la tête plus étroite que le thorax
(poux Anoploures) et des poux broyeurs, à la tête plus large que le
thorax (poux Mallophages) :
Pou broyeur du chat (Felicola subrostratus) C'est un petit insecte de 1 à 1,5 mm, pourvu de 3 paires de pattes, jaune clair, sans aile et aplati ventro-dorsalement. La tête est " pointue ", triangulaire, à la base plus large que le thorax. Les antennes sont visibles, à 3 articles. Les pattes se terminent par 1 griffe. Les oeufs ou lentes sont: ovalaires, operculés, blancs, mesurant 1 mm, et collés aux poils par un cément
Pou broyeur du chien (Trichodectes canis): Il
est proche de celui du chat, c'est un petit insecte de 1 à 2 mm, jaune
avec 2 petites taches sur chaque segment abdominal, mais la tête est
rectangulaire, à base plus large que la hauteur.
Pou piqueur du chien (Linognathus setosus) : C'est un petit insecte, sans aile, aplati dorso-ventralement, de 1 à 2 mm, jaunâtre. La tête est plus étroite que le thorax, le cou est absent, comme les cornes temporales. Les pattes ont une taille croissante de P1 à P3.
CYCLE
La durée moyenne du cycle est d'environ de 3 semaines
BIOLOGIE
La phtiriose est une
ectoparasitose due à la présence et la prolifération d'un insecte
phtiraptère dans le pelage du chat. Les adultes vivent accrochés au
pelage, souvent à la base des poils, plutôt en région dorsale ou sur
l'encolure, parfois jusque sur la tête et la face externe des pavillons
auriculaires. Les poux sont des parasites permanents. Ils se
nourrissent soit par piqûre (Linognathus) et ingestion de sang, lymphe
et exsudat inflammatoire, soit en consommant des squames, des débris
cutanés ou de poils ainsi que l'exsudat inflammatoire (Felicola et
Trichodectes). Ils restent en surface de l'épiderme et peuvent se
déplacer assez vite, d'où la difficulté à voir les adultes. Ils
s'accrochent à la base des poils avec leurs griffes. Les femelles
pondent à la base des poils des oeufs ou lentes, blanchâtres, à coque
ponctuée, faisant 1 mm de longueur. Les lentes sont fixées par un
cément. Du fait de la pousse du poil, elles se retrouvent sur toute sa
longueur. Ces œufs éclosent en 6 jours environ, libérant des larves qui
ressemblent aux poux adultes (insectes paurométaboles), qui à leur tour
auront plusieurs mues (3 en général), avant de donner un adulte. La durée du cycle est de 18 à 21 jours. Chaque femelle pond environ 300 œufs et vit 6 à 8 semaines. Les poux ne résistent pas dans l'environnement, 3-4 jours maximum à jeun. Ils craignent le froid et la chaleur. La contagion sera donc avant tout par contact direct entre les animaux.
CONTAMINATION
Sources de parasites
Les sources de parasites sont les animaux infestés. Les
phtiraptères résistent très peu dans le milieu extérieur. Un
environnement commun, niches, box, peut permettre l'infestation, d'où la
plus forte prévalence des phtirioses en collectivités (chenils S.P.A.,
chenils d'élevage, chiens de S.D.F. vivant en groupes), chiens ou chats
errants.
Mode d'infestation
L'infestation se fait par contact
direct entre animaux sains et porteurs. La contagion est possible par
les couvertures et les litières hébergeant des lentes. Les larves de premier âge sont très fragiles.
Facteurs favorisants
Du fait des modalités de
contamination, par contage direct, le mode de vie des chats est un
facteur favorisant. Les chats " rodeurs " recontrant de nombreux
congénères, vont s'infester plus facilement que des chats "d' intérieur
". Les collectivités, chatteries, garderies pour animaux, sont des lieux
propices à la transmission de ces parasites. L'infestation des chatons par leur mère est probablement fréquente. Les mêmes remarques peuvent être faites à propos des chiens. Divers
auteurs mentionnent les poils longs comme facteur favorisant la
phtiriose féline. Ce critère est à relativiser, nous avons observé la
plupart des cas de phtiriose sur des chats "européens", et les robes
étaient très variables.
TABLEAU CLINIQUE
Symptomatologie
L'infestation par les poux se
traduit en général par une dermatose squameuse, dépilante et diffuse, à
prurit d'intensité variable. Des lésions de grattage sont parfois
observées sur l'encolure des animaux. Une hyperkératose
parakératosique, caractérisée par la présence de squames blanchâtres de
petite taille, est notée. Les squames sont surtout abondantes en région
dorsale. Il n'est pas toujours observé sur les chatons ou les chiots
d'alopécie, tout au plus un pelage terne et moins dense en région
dorsale. Lors d'évolution chronique, depuis plusieurs mois, des
lésions d'hyperkératose orthokératosique (épaississement, mélanose,
plissement de la peau en région dorsolombaire) sont notés. Dans tous les
cas, de nombreuses lentes sont visibles sur les poils. Les adultes
doivent être recherchés à la base des poils.
DIAGNOSTIC
Le diagnostic est fondé sur une
suspicion clinique confirmée par la mise en évidence des poux adultes ou
des lentes : Les poux mesurent environ 2 mm, sont jaunâtres, à la base
des poils. Ils sont assez difficiles à voir. En revanche, les œufs, ou
lentes, mesurant 1 mm, blanchâtres et fixés aux poils, sont facilement
repérables. Un diagnostic différentiel des autres dermatoses
prurigineuses doit être effectué. Le prurit, le squamosis (ici limité),
la localisation dorsale, et l'atteinte de jeunes carnivores en
collectivité rapprochent cliniquement phtiriose et cheylétiellose. L'association de plusieurs agents étiologiques (puces et poux) est possible. Les
poux et lentes sont mis en évidence par une observation attentive des
poils, puis prélèvement et observation entre lame et lamelle dans une
goutte de lactophénol. La petite taille (de l'ordre du mm) fait que
la confusion avec de simples squames est aisée. Les lentes sont collées
au poil, à la différence des pellicules.
LUTTE
Traitement
- Le traitement fait appel à
l'application d'insecticides. Il doit être répété du fait du faible
pouvoir ovicide des substances utilisées. Les poudres insecticides sont
utilisables mais leur activité semble moyenne, certains animaux
présentant encore des poux après plusieurs traitements. Les liquides en
sprays ou lotions, ou les shampooings antiparasitaires, permettant un
meilleur contact entre l'insecticide et les ectoparasites sont plus
efficaces. Plusieurs principes actifs sont utilisables : fipronil,
perméthrine (excepté chez le chat), Dimpylate. - Le protocole de traitement est basé sur le cycle évolutif de 21 jours du parasite, soit:
Une application insecticide par semaine durant trois semaines, avec les insecticides non rémanents, Deux applications espacées de 3 semaines - 1 mois avec des spécialités rémanentes.
- Notons que l'ivermectine, sans AMM
chez les carnivores, n'est efficace que sur les poux piqueurs ou
Anoploures, elle n'a pas d'activité sur les poux broyeurs ou Mallophages
comme Felicola ou Trichodectes.
Prévention
Les contacts entre carnivores sont
le principal mode de contamination. Il est utopique de vouloir les
empêcher. Il n'existe donc a priori aucun moyen de prophylaxie. La
recrudescence de cas qui semble s'observer est-elle due au hasard ou à
des facteurs particuliers ? On peut supposer l'augmentation de la
prévalence par le développement des chenils d'élevage, de chiens ou de
chats, mais il faudra également surveiller la possible émergence de poux
chimiorésistants aux insecticides. Cette résistance, décrite chez les
poux de ruminants du genre Bovicola (Damalinia) comme chez le pou de
l'Homme (Pediculus humanus), pourrait être favorisée chez les carnivores
par les traitements anti-puces ou anti-tiques qui agissent
indirectement |