Les femelles ovigères se localisent dans des " tunnels " ou des
" puits " qu'elles creusent dans la couche cornée de l'épiderme. Elles y
pondent 2 à 3 œufs par jour. Des larves en éclosent, elles se
nourrissent de débris cutanés. Elles peuvent gagner la surface de la
peau et creuser de nouveaux " puits de mue " ou rester dans le tunnel où
elles ont éclos. Elles muent en protonymphes puis tritonymphes.
Les mâles s'accouplent avec des tritonymphes femelles et meurent. Ces dernières vivent 3 à 4 semaines.
Les
sarcoptes se nourrissent des débris cutanés, ainsi que de l'exsudat
issu de la réponse immuno-inflammatoire. Les antigènes salivaires et de
mues, nombreux, sont à l'origine de cette réponse de l'hôte.
La résistance dans le milieu extérieur est faible, de quelques jours.
La
contagion se fera donc par contact entre les chiens infestés, ou par
l'intermédiaire de l'environnement d'un animal infesté si ce dernier y
est présent (boxes, niches, paniers...).
Les sarcoptes peuvent infester d'autres mammifères : chats, renards, ou l'Homme, mais ils n'y survivent de quelques jours.
CONTAMINATION
La gale sarcoptique est une acariose fréquente en collectivité : chenils d'élevage, chenils SPA, militaires, chiens de meute...
Elle se rencontre souvent chez des chiens vivant en groupe à l'extérieur : chiens errants
Elle peut s'observer sur des chiens de tout âge et de tout sexe.
Les
signes clinique sont plus accusés sur des chiens rendus réceptifs par
diverses carences nutritionnelles, maladies intercurrentes, ou un milieu
de vie avec hygiène défavorable.
PATHOGENIE
action mécanique et immunitaire
Les symptômes de la gale
sarcoptique sont liés à l'action mécanique et traumatique du rostre de
l'acarien lors du creusement de galeries ou lors du repas de sang, et à
l'inflammation chronique de la peau et l'infiltration des tissus par les
cellules inflammatoires : lymphocytes, polynucléaires basophiles.
Les parasites ne sont pas toujours présents en grand nombre dans les lésions car ils peuvent être détruits.
La réponse immunitaire est de type cellulaire, avec une hypersensibilité cutanée à basophiles.
Certains
chiens vont être tolérants d'un point de vue immunitaire, donc
présenter des symptômes frustes, tandis que d'autres vont développer une
HS cutanée d'où un prurit et des lésions plus marquées.
Lors de réinfestations, les lésions sont souvent plus marquées du fait d'une réponse immuno-inflammatoire plus rapide.
Il
existe une communauté antigénique entre Sarcoptes scabiei et d'autres
acariens dont les acariens de poussières (Dermatophagoides farinae et
Dermatophagoides pteronyssinus).
Les tests allergologiques
(Intradermo-réactions, dosage d'IgE) peuvent être positifs sur des
chiens galeux ou ayant eu une gale, et donc rendre faussement positives
des recherche d'atopie.
TABLEAU CLINIQUE
Les symptômes apparaissent au terme
d'une incubation extrêmement variable. Certains chiens n'auront que peu
de symptômes ou seront des porteurs sains, tandis que d'autres vont
présenter des lésions en 4 à 8 semaines.
Les lésions ont des
localisations préférentielles : bord externe des pavillons auriculaires,
abdomen, flancs, coudes. Elles peuvent s'étendre rapidement. C'est dans
ces zones que des raclages seront réalisés pour mettre en évidence les
sarcoptes. Toutes ces lésions sont fortement prurigineuses.
La
lésion primitive se caractérise par l'apparition de papules surmontées
de croûtelles, ce sont les boutons de gale. Rapidement l'exsudation
devient plus importante, la peau est croûteuse, épaissie (hyperkératose
orthokératosique), plissée, et grisâtre (mélanose). L'animal présente
des dépilations diffuses et irrégulières. Des plaies de grattage
compliquent le tableau clinique.
Des surinfections bactériennes sont possibles.
La maladie évolue alors vers la cachexie.
L'animal présente une polyadénite, une insuffisance rénale et un amaigrissement important.
Au niveau des oreilles, l'inflammation peut se solder par l'apparition de nombreuses petites croûtes sableuses, c'est l'"eczéma arénacé
", qui est relativement caractéristique d'une gale sarcoptique et peut
parfois être le seul signe clinique sur des chiens bien soignés.
L'infestation
du bord des oreilles se solde par un signe particulier, le réflexe
oto-podal . En grattant le bord externe des oreilles des chiens galeux,
il est possible de déclencher un réflexe de grattage du membre
postérieur localisé du même côté.
Cas particulier : gale juvénile
Chez les chiots, la gale
sarcoptique peut être moins prurigineuse et se caractériser par des
lésions volontiers plus squameuses, avec des pellicules réparties sur
l'ensemble du pelage et des dépilations discrètes. Leur localisation
peut être différente.
Chez l'homme:
Prurit localisé et papules sont les symptômes classiques
DIAGNOSTIC
Une suspicion clinique et
épidémiologique peut être portée par l'observation d'une dermatose
dépilante, croûteuse et prurigineuse, avec des lésions localisées sur la
face, l'abdomen et les flancs, touchant un chien vivant en collectivité
ou ayant des contacts fréquents avec d'autres chiens.
Une
confirmation expérimentale n'est pas toujours nécessaire si les
symptômes sont caractéristiques. Les sarcoptes doivent être recherchés
mais de nombreux raclages cutanés sont souvent nécessaires. Le raclage doit
être fait dans certaines zones électives : coudes, bords des oreilles,
sur des lésions récentes. Il doit être profond, jusqu'à la rosée
sanguine, du fait de la localisation des acariens. Il faut appliquer du
lactophénol sur la peau avant de racler de façon à récupérer les
acariens. Le prélèvement doit ensuite être observé entre lame et
lamelle, à l'objectif . Il est intéressant de l'éclaircir en chauffant
la lame jusqu'à ébullition avec une allumette. Même en l'absence de
visualisation des sarcoptes, un traitement sera mis en œuvre sur la base
d'une suspicion clinique.
TRAITEMENT
Il repose sur l'emploi d'acaricides.
Les
traitements peuvent être locaux, reposant sur des applications cutanées
répétées pendant 3 semaines environ, selon la rémanence des molécules,
de façon à couvrir la durée du cycle des acariens.
Exemples : 3 lotions
d'organophosphorés (dimpylate) ou d'amitraze (0,025 p mille) espacées
d'1 semaine ; 2 applications à l'éponge de fipronil espacées de 3
semaines.
Les traitements peuvent être systémiques. Ils sont alors basés sur l'emploi des avermectines / milbémycines :
2 injections d'ivermectine à la posologie de 400 µg/kg par voie SC, sous réserve de la réceptivité de certaines races.
2 applications de sélamectine à la posologie de 6 mg/kg en spot on, espacées d'1 mois.
PREVENTION
La prophylaxie se fait en élevage.
Elle repose sur les mesures d'hygiène classique (nettoyage et
désinfection réguliers des boxes, vide sanitaire), ainsi qu'un bon état
général des animaux de façon à limiter tous les facteurs favorisants une
expression clinique.
La contamination humaine est possible. Elle se
traduit par un prurit localisé et des papules "prurigo galeux", le plus
souvent sur les avant-bras des propriétaires. Les démangeaisons sont
limitées par l'application de pommades anti-inflammatoires. Les signes
disparaissent spontanément en 2 à 3 semaines après le traitement des
chiens.